Doux : dure est la chute pour les salariés et pour les paysans, victimes de la gestion et de la stratégie hasardeuses d'un patron omnipotent, et du laxisme des pouvoirs publics.


3500 emplois salariés menacés, au total près de 10 000 emplois directement ou indirectement concerné. les fournisseurs et 800 producteurs sans garanties quant à leur avenir ! La mise en règlement judiciaire du groupe Doux a des allures de séisme en Bretagne. Les difficultés de trésorerie qui ont provoqué cette déclaration proviennent de deux choix stratégiques totalement erronés :

- Premier choix : l'achat en 1998 du Brésilien Frangosul, très gros producteur de poulets mais actuellement en redressement judiciaire et repris, sauf ses dettes, par le géant de l'agro-export brésilien, JBS Friboi. Cet achat était destiné à conserver le poids de Doux dans le poulet standard fortement exporté au Moyen Orient, mais désormais surtout par le Brésil.

- Second choix, lié au premier : production et exportation, y compris avec de l'aliment du bétail en grande partie importé (soja), d'une production standard, de qualité médiocre, le tout avec le concours des pouvoirs publics, notamment grâce à un important financement européen. La pression sur les prix de la grande distribution n'est pas non plus pour rien dans cette situation.

SAUVER LES EMPLOIS, PAS MONSIEUR DOUX

Il ne s'agit pas aujourd'hui de trouver une solution pour remettre en selle la famille Doux, ou pour permettre le rachat par l'un des deux concurrents sur le marché. Plutôt que de venir au secours de Monsieur DOUX, il est temps pour les pouvoirs publics de faire l'inventaire de ce délire « agro-polluo-financier » et de demander des comptes: Que sont devenus les millions d'euros de subventions, comment les récupérer pour payer une partie de la casse  sociale ?

La probable restructuration de ce groupe, voire sa possible liquidation, auraient des conséquences dramatiques considérables sur l'ensemble du tissu économique en Bretagne. Les Alternatifs expriment leur totale solidarité envers les salariés et les éleveurs sous contrat qui subissent la politique de cette entreprise depuis trop longtemps. Le maintien de l'activité doit permettre de répondre rapidement à un double objectif : maintien de l'emploi et des revenus de tous les salariés et des paysans, le tout dans une perspective rapide de reconversion écologique de cette filière avicole.

POUR UNE RECONVERSION SOCIALE ET ECOLOGIQUE

Le nécessaire soutien aux travailleurs ne doit pas nous dispenser de la critique du modèle économique développé par le groupe Doux, champion toute catégories de la captation des subventions de la Politique Agricole Commune.  Doux est, en matière d'élevage, l'archétype de l'inacceptable :
- Politique d'intégration de tous les acteurs de la filière étranglant les producteurs et les réduisant au statut de quasi esclaves, aux antipodes de toute idée de coopération, d'autogestion.
- Recours abusif au transport : importation d'aliment, exportation de matière carnée.
Il faut favoriser les circuits courts, produire local, en finir avec la mono-activité, rompre avec la folie écologique et sociale de l'élevage en batterie, qui produit des pollutions qu'on ne sait comment résorber : concentrations en azote et en phosphore; usage permanent d'intrants, antibiotiques présentant de nombreux dangers (par effet de mutation, de résistance bactérienne), conditions d'élevage souvent abominables.

Dans ce système, le bien être humain et animal ne sont abordés que lorsqu'ils pénalisent la rentabilité... toute une philosophie.  Il est temps de promouvoir un nouveau modèle industriel et agricole respectueux des hommes et de l'environnement, respectueux de normes éthiques concernant les conditions d'élevage.  L'heure est à la formation et à l'installation de paysans qui soient capables de nourrir les hommes sans détruire la terre.  Il y a urgence à engager, sous le contrôle des salariés, des éleveurs et des consommateurs, un plan de reconversion sociale et écologique. qui se donne comme priorités la pérennité d'emplois durables, la garantie d'un revenu décent pour tous, la valorisation de productions de qualité. Il est l'heure de planifier un nouvel usage des terres pour nourrir sainement la population.

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