Le créateur du site Breizh Atao condamné

Diffamation, incitation à la discrimination raciale... Boris Le Lay, alias «Mérour», qui déverse sa bile raciste et antisémite sur le net depuis quelques années, a été condamné, hier, par le tribunal de Quimper.

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/finistere/diffamation-le-createur-du-site-breizh-atao-condamne-25-06-2013-2148579.php

Boris Le Lay ne s'est pas présenté à l'audience. «C'est lâche», réagit l'avocat de la Licra. «Facile d'être derrière son écran à vomir des insanités. D'ailleurs, sa place est-elle devant un tribunal ou dans un hôpital psychiatrique ? Quand on lit sa prose, c'est à vomir», s'emporte Me Bergot, défenseur de Mona Bras. «Il a réfléchi au poids des mots. Pourquoi ne vient-il pas s'exprimer ?», ironise Me Picard, dont le client, Yannick Martin, s'avance, seul, jusqu'à la barre.
Lui, le champion de Bretagne de bombarde, a été vilipendé par le prévenu pour sa couleur de peau. En janvier 2011, l'administrateur du site Breizh Atao écrivait : «Que cela vous plaise ou non, on n'a jamais vu de sonneur noir», ou, un peu plus loin : «Bizarre, il ne serait pas bretonnisable. Breizh ne doit pas se diluer». Yannick Martin raconte combien il a mal digéré ces propos. Hier, il aurait aimé lui dire en face : «S'il ne l'a pas remarqué, le drapeau de la Bretagne est noir et blanc. Les hermines et les bandes sont ensemble et unies».
«La ligne jaune est franchi
Mona Bras lui succède. La conseillère régionale, porte-parole de l'UDB et adjointe au maire de Guingamp, a, elle aussi, été la cible des attaques de Breizh Atao. Elle, «régionaliste au service de l'État occupant», selon Boris Le Lay, a même eu droit à des menaces : «Nous n'hésiterons pas à cogner sur les peaux de vinaigre qui ont la langue trop pendue». Elle aurait, elle aussi, aimé regarder le prévenu dans les yeux et lui dire «qu'on naît breton par le choix du coeur». Bernard Poignant est là également, lui, qualifié de «sioniste», en juillet 2011, avant d'être la cible d'allégations pédophiles. «Je ne laisse pas passer car il y va du respect des élus au suffrage universel. Quand la ligne jaune est franchie, il faut s'adresser aux juges», estime le maire de Quimper.


«Idéologie assez nauséabonde»

Toutes ces parties civiles n'ont donc pas eu le débat contradictoire qu'ils souhaitaient. Boris Le Lay, Rospordinois âgé de 31 ans, était pourtant sous contrôle judiciaire. Il serait crêpier au Japon, salarié par Joël Robuchon. Quand ce n'est pas sur Breizh Atao, c'est sur son site projet juif.com qu'il s'adonne à «son obsession anti-juive», comme la qualifie Me Baccouche, du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA). «C'est un site qui colporte une idéologie assez nauséabonde», reconnaît le président Molié, en détaillant quelques propos de son administrateur.


«Ne pas en faire un martyr»

Ces deux sites sont hébergés à Houston, au Texas, ce qui assurait au prévenu, pensait-il, toute impunité pour déverser son fiel. «Il doit estimer que la justice française est illégitime», commente le procureur Tufféry, qui se fait cinglant comme rarement : «S'est-il penché sur les oeuvres de Brasillach ? S'est-il dit devant le mémorial de la Shoah qu'il n'y avait pas assez de noms ? Boris Le Lay poursuit un objectif : rejeter les noirs, les juifs et les élus qui défendent les fondements de la démocratie française».

Le magistrat requiert un an ferme et 5.000 € d'amende. Il requerra huit mois ferme supplémentaires dans un autre dossier impliquant Boris Le Lay. En mars 2011, ce dernier s'était réjoui de la mort tragique de Serge Goldberg, membre du Mrap, en ces termes : «Un juif du Mrap écrasé par un train, c'est la fête. Marchez dedans, ça porte bonheur». Le tribunal l'a finalement condamné à 18 mois avec sursis car «on ne veut pas en faire un martyr». Yannick Martin obtient 5.000 € de dommages et intérêts, Bernard Poignant, Mona Bras, la LDH (Ligue des droits de l'Homme), la Licra et le BNVCA, 1.500 € chacun.

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