Lagassé vivra!



C'est une première victoire symbolique que les salariés de Lagassé Communications et Industries, ont remporté en obtenant du Tribunal de Commerce de Quimper qu'il prolonge de 4 mois la période d'observation de leur entreprise, implantée à Douarnenez, suite à sa mise en redressement judiciaire fin 2011. Un délai qui doit permettre la recherche de repreneurs susceptibles d'assurer la pérennité du site et le maintien des emplois.

Ce que vivent les travailleurs de Lagassé est emblématique des méthodes de voyous d'un patronat au cynisme sans bornes. L'entreprise est née au début des années 70, dans la foulée de la politique de décentralisation industrielle et d'aménagement du territoire de la période gaulliste qui a porté le développement des télécommunications et de la fameuse « vocation électronique de la Bretagne ». Elle a intégré le groupe Matra Communication au milieu des années 80 avant de subir une série de reventes à la découpe avec son lot de plans sociaux et de finir, pour partie, dans le giron d'EADS en 2000. Dans le cadre de son recentrage sur son « coeur de métier », comme disent si bien les capitalistes, c'est cette unité de production qu'EADS a revendu au groupe québécois Lagassé en 2005.

Cà n'empêche pas EADS de rester le principal client et donneur d'ordre du site douarneniste. Une situation qui fonde pleinement la revendication des salariés et de leurs organisations syndicales d'un retour au sein du groupe EADS. Quant au groupe Lagassé, drôle de groupe! avec son actionnaire unique, Louis Lagassé, notaire de son état et dont les pratiques ne sont pas sans rappeler celles d'un Tapie au petit pied. Entre 2005 et 2010, la trésorerie de l'entreprise douarneniste a été systématiquement siphonnée: 12 millions d'euros auraient été rapatriés vers la maison mère, sans compter 3 millions d'euros versés en garantie pour une filiale canadienne du groupe et la vente à hauteur de 6 millions d'euros des bâtiments achetés à EADS pour... l'euro symbolique! Ce n'est plus seulement de l'économie de casino mais çà sent l'escroquerie! Ainsi que le disait une des avocates des salariés à la sortie du tribunal de commerce, il faut que l'Etat français prenne « ses responsabilités pour que Louis Lagassé rende des comptes devant la justice » et nous ajoutons pour qu'il rende gorge.

En 2009, Douarnenez avait perdu 134 emplois avec la liquidation de l'unité locale du groupe Asteel Flash, issue elle même du démembrement de Matra Communication. Trois ans après, la quasi totalité n'a pas retrouvé d'emploi. Fin décembre, le Conseil des Prud'hommes de Quimper a condamné leur ancien patron à verser pour chaque salarié, dans le cadre d'une exécution provisoire, 20 000 € à 114 d'entre eux. Victoire symbolique, là encore (même si rien n'a encore été versé) et qui ne leur rendra pas un travail. Mais victoire qui montre qu'on peut combattre l'arrogance patronale avec succès. 
Avec 15 000 habitants, Douarnenez ne peut pas se permettre de perdre encore 250 emplois. La mobilisation de la population autour des travailleurs de Lagassé est fondamentale pour imposer une solution industrielle garante de l'avenir du site et de la préservation des postes de travail.

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